Dictionnaire Superflu
à l'usage de l'élite et des bien nantis

Noms propres


J



" Les derniers moments de Jaurés " (J.-P. Laurens).

Jaurès (Jean), homme de gauche intelligent et honnête, né à Castres en 1859, mort à Paris en 1914. Professeur de philosophie au lycée d'Albi dès l'âge de vingt-cinq ans, il est très aimé de ses élèves auxquels il sait parler de Kant avec humour, d'une très belle et très forte voix chaleureuse qui va bien avec sa grosse barbe carrée.
Malgré sa grande propreté morale, il devient député du Tarn. A la Chambre, son éloquence, sa très grande érudition et l'émouvante sincérité de son discours social réveillent parfois ses collègues. En 1893, il adhère au socialisme par conviction (authentique !), et organise l'unité du parti socialiste dont il devient le chef sans intriguer.
Il fonde l'Humanité, qui est alors un journal de gauche.
Dans son livre les Preuves, qu'il publie en 1898, il prend vigoureusement parti pour le capitaine Dreyfus, par l'effet d'un besoin incontrôlé, instinctif et irrépressible de justice dont les manifestations ostensibles lui valent le mépris d'une bonne partie de son électorat prolétaire et petit-bourgeois. Sinon, les enfants l'aiment bien, et il caresse les têtes des chiens qui passent, même quand il n'y a pas de photographe de presse autour.
D'une constitution physique très robuste, Jean Jaurès, selon son médecin personnel, était bâti pour vivre cent cinquante ans. Mais Dieu, dans son infinie sagesse, ne voulut pas que cet homme de bien connût le déshonneur de voir les néo-socialistes au pouvoir en France dans les années 80._ Aussi le fit-il assassiner en son temps par un imbécile extatique très attaché aux idéaux guerriers.



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